Le commerce renait en Méditerranée et en Occident , Avignon profite du trafic fluvial et de sa position sur la route entre l'Italie et l'Espagne. Les corporations de marchands se développent, les artisans s'installent au pied du Rocher des Doms. Nobles, chevaliers et prud'hommes s'enrichissent, ils jouissent d'une autorité grandissante. La ville se peuple et retrouve son extension gallo-romaine. Une double enceinte est bâtie au XIIème siècle. Les terres aux alentours sont drainées et valorisées, les marais asséchés.
Palais de la Commune d'Avignon - © VF
La cité d'Avignon est possession indivise des comtes de Toulouse et de Barcelone qui se disputent la Provence. Le vicomte et l'évêque gouvernent la cité mais leur pouvoir décroit au dépend de la Commune, créée en 1161 sur le modèle des villes italiennes. L'empereur Frédéric Barberousse, suzerain lointain, confirme ce privilège. L'évêque préside, mais l'autorité appartient aux 8 consuls : 4 chevaliers et 4 prud'hommes, élus pour un an.
Le pont d'Avignon, baptisé pont Saint Bénézet en l'honneur de son fondateur est construit en 1185. Commerciale et cosmopolite, Avignon est à la fin de XIIème siècle une des plus puissantes villes du Midi. Protégée par sa double enceinte, son pont lui assure une grande renommée et une source de revenu considérable. Elle est terre d'Empire, le fleuve est la frontière avec le Royaume de France.
Pont Saint Bénézet - © VF
Lors du conflit entre Raymond VI, comte de Toulouse et le roi de France Louis VIII, la Commune d'Avignon prend naturellement parti pour son protecteur et allié le comte de Toulouse. En remerciement de son aide financière et militaire, Raymond VI lui confie en 1215 ses droits sur le Comtat Venaissin. La Commune d'Avignon à l'apogée de sa puissance est une puissance régionale et se croit, avec quelque d'arrogance, capable de résister au Roi de France.
En 1229, le roi de France Louis VIII descend la vallée du Rhône avec une forte armée pour une croisade contre les hérétiques albigeois, les habitants d'Avignon ferment les portes de la ville et lui interdisent la traversée du Rhône. Un siège s'ensuit qui se prolonge pendant les trois longs mois d'été. Les avignonnais affamés se rendent quelques jours seulement avant qu'une crue du Rhône n'inonde les positions où se tenaient le roi et son armée. Le roi exige des otages et fait payer une forte rançon, il ordonne de raser les enceintes, il démantele les 300 maisons-fortes des chevaliers avignonnais, et fait détruire une grande partie du pont, orgueil de la ville. Les institutions communales sont dissoutes, et c'est la fin des velleités d'indépendance d'Avignon.
reddition d'Avignon à Louis VIII - bnf
L'autorité de l'évêque et du comte sont restaurés en Avignon. En 1229, le Comtat Venaissin voisin est cédé à l'Eglise. En 1290 le comte de Provence Charles II d'Anjou est le seul maître d'Avignon et de la Provence. Au tout début du XIVème siècle, la ville s'est remise des épreuves du siècle précédent et a pansé ses plaies : le pont Saint Bénézet est réparé, la double enceinte reconstruite, et les avignonnais semblent s'être assagis. La ville compte alors entre 4 000 et 6 000 habitants, chiffre important au moyen-âge.
sceau de Charles d'Anjou, comte de Provence